Le triangle infernal :
Toute la vie avec seulement 3 rôles possibles :
Victime - Bourreau - Sauveur
Quand on est pris dans ce triangle infernal, c'est comme si on jouait une pièce sur une scène de théâtre.
Une pièce qui présente la particularité de ne proposer que 3 costumes différents quel que soit le nombre d'acteurs qui interviennent sur scène : le costume de la victime, le costume du sauveur et le costume du bourreau, le nombre d'acteurs dans chaque costume importe peu.
Chaque costume est associé à un rôle, un état d'esprit, et une façon de jouer sur cette scène.
Sur cette scène, chaque acteur a un rôle préféré, un rôle dans lequel il se sent plus à l'aise. Il a donc toujours envie de mettre le costume correspondant à ce rôle, car ce rôle-là, il le joue naturellement, avec facilité, par habitude souvent.
Vous connaissez certainement des victimes perpétuelles, ou des sauveurs qui n'en finissent pas de voler au secours des autres, de tous les autres tout le temps, des bourreaux qui adorent écraser.
A première vue, ça semble donc assez simple de jouer sur cette scène, si chacun choisit le rôle qui correspond le plus à son caractère.
D'ailleurs dans certains cas, ça fonctionne même plutôt bien, .... en apparence.
En fait assez vite ça déraille, parce qu'il arrive un moment où le sauveur est fatigué de voler au service de toutes les victimes et finit par se sentir victime à son tour, il quitte alors son costume de sauveur pour enfiler un costume de victime et il nomme alors un bourreau à cause duquel il n'en peut plus.
Sauf que du coup cette personne, qui portait probablement le costume de victime jusque là, se voit contrainte d'enfiler le costume de bourreau, mais n'en veut pas (car si elle est bourreau, plus aucun sauveur ne viendra plus la prendre en charge), alors elle refile ce costume de bourreau à son ancien sauveur, afin de récupérer son costume de victime.
Et voilà donc notre sauveur, qui avait un temps enfilé le costume de victime, qui se retrouve maintenant affublé du costume de bourreau, ce qu'il trouve parfaitement injuste, lui qui a tant fait pour les autres. Il reprend donc rapidement un costume de victime, parant d'un seul coup toutes les victimes qu'il a auparavant sauvées, d'un costume de bourreau.
et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord....
Sur un petit coin de la scène on peut apercevoir plusieurs personnes qui s'avancent les unes vers les autres, toutes parées du costume de victime, sauf que lorsqu'elles se rapprochent, elles commencent à comparer qui est plus victime, qui a le moins de chance, et voilà qu'à ce petit jeu certaines se voient d'un coup contraintes d'enfiler malgré elles un costume de sauveur, ou un costume de bourreau, dont elles cherchent à tout prix à se défaire pour reprendre leur costume préféré, celui de victime, mais la lutte devient vite acharnée : "j'ai eu moins de chance que toi", "c'est par ta faute que" et voilà le costume de bourreau qui vole de l'une à l'autre, et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord....
Bon d'accord je vous l'ai faite un peu emmêlé, mais si on observe ce petit jeu avec recul, c'est effectivement à ça que ça ressemble.
Une autre caractéristique de ce jeu, c'est que si vous vous trouvez à proximité de cette scène, vous-mêmes, tel que vous êtes, vous risquez à tout moment de vous trouver pris au piège de leur jeu si l'un des acteurs présents sur la scène vous balance d'un coup un costume de sauveur ou de bourreau que vous vous trouvez contraint d'enfiler.
Enfin, dans les faits, rien ne vous contraint vraiment et vous pouvez vous contenter de respirer un grand coup et de refuser le rôle et le costume, en restant vous mêmes, mais ... ça demande d'avoir déjà pris beaucoup de recul par rapport à ce fonctionnement, parce que dans les faits ce jeu est si bien rodé, que l'on se retrouve souvent monté sur scène dans le costume reçu, pris dans le jeu, avant même d'avoir compris ce qu'il s'est passé...
Le moyen d'en sortir ? Dès qu'on se voit agir dans le triangle : respirer profondément pour revenir à la réalité, poser le costume, renoncer à convaincre et à gagner puis quitter la scène, prendre le large. Dans le triangle les relations sont faussées, il n'y a rien à justifier, rien à expliquer, les relations ne sont pas saines, ni nourrissantes.
D'autant que finalement dans ce triangle on retrouve tous les phénomènes de manipulation...
Entre gens qui ont choisi de quitter la scène, il est parfois possible d'établir des relations saines. Attention cependant à ne pas rejouer un remake du triangle sur une scène secondaire en se serrant les coudes entres victimes des bourreaux qui jouent sur la scène principale...
Bon, et qu'est donc une relation hors triangle ? Une relation où chacun est soi-même, où chacun parle en Je, où chacun se dit en vérité et respecte l'autre dans sa vérité. Une relation où chacun s'accepte différent et unique, dans sa singularité, avec ses forces et ses faiblesses, ses talents et ses difficultés. Où chacun joue le jeu de se découvrir, de s'accepter, et d'accepter les autres, dans leur vérité propre. Un monde où les singularités de chacun participent à la richesse du groupe. Et c'est tellement plus agréable à vivre.
Alors oui, les français, nous sommes massivement dans le triangle, victimes auto proclamées de bourreaux nombreux, perpétuellement en attente d'un sauveur ... Les français sont râleurs, c'est bien connu, mais ce n'est pas une fatalité ... en prendre conscience, et un par un, peu à peu choisir de quitter le triangle, faire connaissance avec qui nous sommes vraiment et vivre debout à partir de notre centre. Le mouvement est en cours